Toulouse : Mai 2024
Une peinture très caractéristique, unique et inspirée de l’art Aborigène Australien. Patrick Oudin, peintre pointilliste Français nous dévoile l’origine de sa passion, ses inspirations et ses attentes pour les années à venir. Cet artiste peintre de renommée Internationale a accepté de se livrer sans détours et nous livre quelques secrets concernant la composition de ses tableaux…
Au départ, ce ne sont que de simples coquilles d’œufs…
Patrick Oudin, conserve précieusement, presque religieusement toutes les coquilles d’oeufs pour les piler et les transformer en une pâte uniforme qu’il va consciencieusement appliquer sur la toile brute. Un fond, légèrement coloré qui donne vie et consistance au support. Déjà dans son esprit, les idées germent et prennent possession de la toile. Les mains jouent un rôle décisif, en traçant ce que les émotions dictent. Comme un cri, les angoisses, les joies, les rêves, les tourments, le voyage intérieur, la foi s’extériorisent… Un peu de figuratif, une pointe de cubisme pressentent l’amorce ou le profil d’un visage, un oiseau, des hortensias… Le pinceau canalisé par l’esprit, glisse sur la toile et décline les rapports de force enfermés dans cet espace clos mettant en place un incroyable jeu d’ombres et de lumière qui termine la mise en scène avant d’aborder les couleurs. Le peintre écrit l’histoire, son histoire…
Chaque émotion est placée selon un équilibre que seul l’artiste a préalablement défini au creux de son bouillonnement créatif. Peu à peu, les formes géométriques, souvent esquissées avec des encres de Chine colorées, s’emplissent d’aplats de couleurs réalisés à la peinture acrylique.
Le monde n’est pas facile or à mes yeux, les couleurs sont la représentation du bonheur…
Souvent vives, lumineuses ou resplendissantes, il est parfois possible d’apercevoir une mise en valeur créée par l’intermédiaire du jeu de la transparence. Un rond, un visage, un bel oiseau ou un glouton…. Ces signes ressemblent à des hiéroglyphes emmêlés traduisant le reflet exact des pensées intimes de l’artiste qui s’entrechoquent dans son esprit, avant d’exploser dans une image qui interpelle le regard en ne nous laissant pas indifférents. Il semblerait qu’à ce moment-là, Patrick nous dévoile dans son ensemble une œuvre littéraire inachevée, mais dont l’architecture n’existe que dans son imaginaire. Ne manque plus que les mots…
Des points plutôt que des mots
Alors, Patrick Oudin remplit les « chapitres ».
Dès le début de ma carrière, je n’avais pas le bon vocabulaire, alors que j’avais envie de mettre des M-O-T-S sur des M-A-U-X !
Du coup, j’ai fait des points !
Chacun d’eux est pensé, réfléchi et se doit d’être à la juste place, exactement comme l’emplacement d’un mot est choisi pour donner tout son sens à une phrase.
Comme un auteur, l’artiste-peintre invente la vie. En les utilisant comme des expressions, l’agencement de tous ces points, donne un sens à l’image naissante. Ils sont alignés, en arc de cercle, espacés, serrés, aérés…
Ils impulsent le mouvement, jouent avec les pleins et les déliés en formant une mosaïque dans laquelle se retrouvent les thèmes du tableau. Certains d’entre eux, rassemblent jusqu’à quatre couleurs, exactement comme un mot ayant plusieurs sens. Là, dans l’intimité de son atelier, Patrick Oudin livre son histoire en couchant sur la toile ses émotions. Chaque point, devient alors un mot, chaque forme un chapitre et le tout bien harmonisé ressemble à une oeuvre littéraire, mise en scène de façon graphique. Celui qui sait décoder, reconnaîtra les allégories sorties du coeur, puisant leurs sources dans l’enfance, les nombreux voyages, la religion ou simplement la vie quotidienne…
Je ne sais pas écrire, mais je sais peindre. Tous mes tableaux, raconte une anecdote, voir un petit bout de moi-même… Chaque tableau est unique, car chaque histoire est unique !
Je pose chacun de ces points avec force, avec rage, avec précaution ou avec tendresse… Cela représente l’émotion que je ressens à cet instant précis. C’est mon vocabulaire, celui qui me permet d’apprécier le temps qui passe, qu’il soit heureux ou malheureux. Tout est pour moi, source d’inspiration, le mysticisme, la religion, l’au-delà, une rencontre, mes questionnements, les faits de société, ou encore la foi…
Ces milliers de points pigmentent les aplats, rehaussant les fond de teintes différentes, créant l’illusion d’un relief. Ce travail arrive à mettre en exergue les zones d’ombres et de lumière, conférant ainsi une pâte et un style à l’oeuvre exposée. Patrick à toujours peint et dessiné de cette manière. Au début, ce n’était pas des points, mais des collages de formes diverses et variées. Puis sont apparus les traits, fins, délicats tracés un à un avec de l’encre de Chine colorée. Leurs orientations donnaient le mouvement en conférant une grande légèreté aux dessins. Puis, la canalisation des traits est devenue point. Méditer et fusionner ses idées jusqu’à les conditionner en une forme minimaliste. Minimaliste peut-être, mais tellement complexe finalement !
Un point n’a, à priori, pas d’orientation et pourtant…
Dès le début, Patrick Oudin possède ce style très personnel qui lui permet de s’imposer dans ce milieu difficile. Il revisite les paysages, les nus, les natures mortes, la nuit étoilée de Van Gogh, des Dali… Aujourd’hui, il est un des rares peintre pointilliste de France à avoir ce tour de mains, inspiré de l’art Aborigène Australien où il a vécu 18 ans
Il faut faire attention parce qu’en peinture, il y a beaucoup trop de références. Alors, pour exister, il faut trouver son impact, sa propre marque. J'ai essayé plusieurs techniques avant d’arriver à trouver mon style. L’avantage, c’est quand une personne voit un tableau, elle reconnaît de suite un Oudin. C'est ma marque de fabrique. Et de toute façon, même si demain, je devais partir, l’artiste sera toujours là… C'est un réel désir d’éternité !
Pour exister, il faut trouver ses propres marques
Parfois, certains y voient des visages inspirés par Kandinsky… Il n’en est rien, car pour l’artiste, un visage n’est pas une unité. Il est forcément composé de deux faces, le père et la mère, le bon et le mauvais, le Yin et le Yang… Ces deux personnes conversent avec passion, l’une avec l’autre, l’une contre l’autre… Mais, et c’est un impératif, elles sont soit ensemble, soit en opposition, c’est selon le thème du tableau !
Dans ses tableaux, l’artiste propose aussi des constantes disséminées au grès de son inspiration : des visages, des hortensias, un oiseau très coloré, symbolisant le lien entre lui et sa conscience, sa foi, sa spiritualité.
C’est comme un Jiminy Cricket, ce petit animal, cette petite voix qu'on entend, qui nous dit parfois, fais attention, cette personne n'est pas bonne pour toi, ou cette personne est bonne pour toi. A mes yeux, Jiminy Cricket, c’est un oiseau et il figure de manière plus ou moins explicite sur de nombreux tableaux.
Mais il y a aussi des poissons pouvant symboliser la religion, des moitiés de visages, parfois la croix, un glouton et enfin, toujours une zone neutre, sans points, avec juste un aplat de couleur afin d’avoir un point de repère dans l’espace et d’éviter ainsi l’effet d’hypnose dû aux milliers de points qui peuvent se mettre à danser devant les yeux…
Et puis, alors, j'ai beau essayer de ne pas vouloir les faire, ils viennent tout seuls.
Son art s’est réalisé sur des toiles, des tee-shirts, des chemises, des écharpes… Mais aussi sur de la faïence, des pierres, du bois, de la céramique, une planche de surf… Un jour en Australie, un ami lui demande de peindre au-dessus des deux vasques de sa salle de bain, sur une longueur de 3,5 mètres « Une femme nue de dos, délicatement allongée sur un lit d’orchidées blanches… »
Un accident de vie à l’origine de sa passion !
Aujourd’hui, Patrick Oudin est l’auteur de plus d’un millier de toiles. Il lui est impossible de ne pas peindre. Toutes les nuits, il s’enferme dans son atelier et travaille encore et encore. Il doit absolument coucher sur la toile ses sensations, ses angoisses, ses plaisirs, ses joies, ses peines… C’est vital !
Je pourrais peindre comme on dit 24 h sur 24 parce que ça me donne plein d’idées. Cela me régénère !
Pourtant, dans son parcours de vie, Patrick Oudin, ne souhaitait pas devenir peintre. Enfant, il réalisait les habits de poupées de ses soeurs et pensait de se diriger vers le milieu de la mode. Mais à cette époque, c’est un peu trop complexe… Finalement, pour fuir une famille d’aristocrates un peu trop stricts, il s’engage dans les parachutistes. Un accident de saut l’enferme dans le coma. A son réveil, il demande au docteur du papier et des crayons de couleur pour dessiner ce qu’il a perçu lors de cette période d’inconscience. La vocation est née !
Patrick Oudin, trouve son style et son tour de main s’inspire de l’art Aborigène. Mais attention, cet art est très codifié et il n’en possède pas du tout les codes. Autodidacte, il peint juste à la manière de… C’est certainement là, une des raisons de son succès…
En Australie, cette façon de faire plaît énormément, car c’est de l’art Aborigène sans en être. Il peint des corps, des paysages, des scènes de vie toujours avec ce style pointilleux, des pointillistes.
Ce qu’il aime avant tout, c’est décrire grâce à ses points, le tumulte que les autres ne perçoivent pas. Il ressent les choses, le mysticisme, la religion, l’au-delà. C’est, brut sauvage, sans concession et le peintre se doit de montrer sa véritable nature. Il ne peut plus tricher, il est obligé de se donner aux autres, de s’exposer sans complexes, de suggérer ses doutes, ses croyances, ses forces ou ses faiblesses sous la forme de représentations poétiques. C’est une véritable profession de foi et que l’on aime ou que l’on n’aime pas, il est impossible de rester insensible. Chacun y lit ce qu’il veut, et c’est là toute la quintessence de son art !
Sa peinture, empreinte d’une joie de vivre et d’un bonheur éclatant, offre au spectateur une infime palette de ses pensées.
« Les gens qui ont connu les plus grandes tristesses, sont ceux qui font toujours le plus d’efforts pour rendre les autres heureux, parce qu’il savent dans leur chair, ce que c’est que de se sentir désolé et abattu…» Cette citation attribuée à Robin Williams, acteur comique Américain, reflète assez bien les voyages intérieurs de l’artiste.
Un rayon de soleil derrière chaque coup de pinceau !
Après les nuages, vient l’éclaircie… La peinture, c’est le reflet de la vie, il faut essayer de peindre chaque jour en se disant que derrière chaque petit coup de pinceau, il y a un rayon de soleil pour chacun d'entre nous. Et à ce moment-là, ta peinture s’en ressent…
Donner aux autres… Offrir à tous une part de générosité ainsi que le tréfonds de son intimité comme pourrait le faire un artiste de strip-tease, s’effeuillant peu à peu pour se dévoiler sans pudeur à son public… Partager sa souffrance dans le bonheur, en acceptant de s’oublier soi-même pour transformer ses sombres pensées en un bonheur intense et une joie de vivre, permettant de continuer le combat contre ses propres démons. Oser s’assumer tel que l’on est, permet à nos faiblesses de devenir des forces, et toute l’énergie qui en découle se transforme alors en une formidable ode à la vie qui va émouvoir la personne qui découvre une oeuvre pour la première fois…
Un jour, j'ai exposé au Bazacle, à l'espace EDF de Toulouse. J'avais fait un tableau de 4 mètres de long sur 2 mètres de large, représentant une famille se baignant dans une petite pièce d’eau. Il y avait un monsieur et une dame qui contemplaient le tableau depuis un petit moment. En passant, j’entends l’homme dire : « Tu te rends compte, l'artiste est forcément une femme… Elle doit bien aimer sa famille, parce que je trouve qu'il ressort beaucoup de féminité de cette scène… »
A l'époque, j’avais encore des cheveux et j’arborais une barbe bien fournie. Ils ont eu du mal à croire que j’étais l’auteur de cette peinture… Pour eux, l’émotion qui émanait de cette scène familiale ne pouvait qu’être retransmise par une femme…
Pour moi, c’est ça, l’essence même de l’artiste-peintre. C’est d’arriver à s’effacer au profit de l’oeuvre qui doit embarquer les gens dans un voyage qui leur parle…
Fly with me !
Pour preuve, lors de la vente de sa première grande oeuvre, l’acheteur, lui dit : « Patrick, emmène-moi dans ton monde… » Simplement parce que cet industriel, grand collectionneur, était un monsieur hyper dynamique qui travaillait intensément et qu’il avait besoin de s’évader.
Cette vente est un véritable tournant dans la jeune carrière d’artiste de Patrick Oudin. C’est d’abord, une revanche sur la vie dont il tire une immense fierté : être reconnu sans l’aide de personne et uniquement par implication et don de soi dans la peinture. Enfin, après de nombreux déboires familiaux, il existe par lui-même… Il comprend aussi que des inconnus peuvent tomber amoureux de ces oeuvres, que ses tourments d’homme parlent à d’autres… Devenir un passeur d’émotions, c’est la porte ouverte à une nouvelle voie…
Et puis il va pouvoir vivre de son art !
Peu après, c’est le départ pour l’Australie, à Brisbane où avec son ami, Georges, il ouvre un restaurant appelé « la Camargue » en référence à la Provence qu’il aime tant. Ce lieu devient un restaurant qui fait office de galerie d’art.
En Australie, nous avions la possibilité d’ouvrir le restaurant de 16 heures à minuit, ce qui me permettait de continuer à peindre et de cuisiner en même temps, le tout dans un même lieu. Cela marchait de mieux en mieux et un jour, on m’a même demandé d’imprimer sur du textile, des rideaux, des couvre-lits…
En Australie, c’est l’apothéose pour les artistes, même non reconnus, dans la mesure où ils possèdent le don pour la peinture, la sculpture ou le dessin… Les galeries s’ouvrent à eux et il est possible d’exposer dans tout lieu propice à cela. Patrick Oudin, exposera dans un local de 600 mètres carrés, une dépendance du futur Hôpital de Brisbane dont la construction a été stoppée durant deux années.
A Brisbane, Patrick et Georges aiment exposer d’autres artistes. Pendant 18 ans, « le voyageur solitaire », son surnom, ne va cesser d’explorer son entourage, parcourant à pied les rues, les villes les campagnes pour découvrir des artistes de tout poil qu’il porte sur le devant de la scène. Plusieurs années de suite, il réussit à réunir plusieurs créateurs en organisant des ventes aux enchères pour des oeuvres caritatives. Gros succès !
Ouvrir l’art aux autres
Il faut dire, qu’avant de partir en Australie, Patrick possédait la Galerie Vermayer à Toulouse. Tel un mécène, il était en permanence en quête de nouveaux talents, sculpteurs, peintres, mosaïstes… Dans les années quatre vingt dix, la Galerie Vermayer faisait écho à un large public en apportant son rayon de soleil quotidien aux passants.
Je veux émouvoir, simplement parce que je ne connais pas la vie des personnes qui vont venir. Mais quand ils me disent : « Emmenez-moi dans votre monde », je suis hyper content !
Ils vont sortir de leur quotidien pour entrer dans le club du rêve. Il faut ouvrir l’art aux autres, simplement parce qu'il y a des gens qui ont des vies beaucoup plus pénibles que nous. Peut-être qu’en visitant une exposition, leur journée sera complètement différente. Et c'est ça qui est intéressant !
Aujourd’hui, Patrick Oudin est à la retraite, mais peint chaque nuit. Il a exposé à l’île d’Oléron, en Touraine, ou encore au Musée Campanaire à L’Isle Jourdain. Il a la chance de vivre de son art et souhaite réouvrir un lieu le plus original possible, afin de continuer à faire découvrir de jeunes artistes quasi inconnus et qui montent un peu…
Jusqu’en 2023, Patrick Oudin travaillait avec le Novotel Wilson et exposait en permanence des toiles ou des oeuvres venues de toute la France. Il a aussi organisé des ventes aux enchères pour les Pompiers, ou l’Oncopole de Toulouse qui ont reçu un accueil favorable auprès du public Toulousain.
Ce qui donnerait un sens à ma vie aujourd’hui, c'est si demain, j'avais la possibilité de réouvrir un lieu d’art. Ce serait l’apothéose simplement parce qu’il y a un besoin aujourd'hui d'émouvoir les gens et de partager. Une manière de mettre en avant, à la fois mon travail bien sûr, mais surtout d’ouvrir la porte à de jeunes artistes, simplement parce qu’ils souffrent dans notre période actuelle. Quand je suis parti en Australie au début des années 2000, il y avait une trentaine de salles d’exposition à Toulouse. Aujourd’hui, les galeries ne se comptent même pas sur les doigts d’une seule main…
En 2024, nous vivons dans une époque anxiogène et Patrick Oudin, cherche des idées originales pour faire sortir les gens de chez eux, leur faire rencontrer l’art sous toutes ses formes. Dans notre société actuelle, il faut parvenir à s’évader, prendre le temps de pousser la porte d’une galerie, se donner le temps de rêver…
Ce soir, et comme chaque nuit, il sera vital pour l’artiste de poser ses émotions sur une toile…
Comme chaque nuit, Patrick Oudin peindra l’amour, la vie, la mort… Comme chaque nuit, son dessein inspirera ses dessins…
Comme chaque nuit, ses doigts deviendront des baguettes magiques…
Comme chaque nuit, seul dans son atelier, il se réalisera dans un feu d’artifice multicolore…
Comme chaque nuit, l’Artiste sera libéré de son existence terrestre et se confrontera à l’irrationnel…
Comme chaque nuit, Patrick mettra des mots sur des maux…
Comme chaque nuit, Patrick Oudin trouvera sa raison de vivre…
Comme chaque nuit…
Philippe Vignon
Contact Patrick Oudin : ibizart150@gmail.com
Instagram : Patrick Oudin
FaceBook : Patrick Oudin
©Droits d'auteur. Tous droits réservés.
Nous avons besoin de votre consentement pour charger les traductions
Nous utilisons un service tiers pour traduire le contenu du site web qui peut collecter des données sur votre activité. Veuillez consulter les détails dans la politique de confidentialité et accepter le service pour voir les traductions.